Poses, cité batelière

Amarré à Poses, ancien lieu de péage, de halage et de maintenance des bateaux, le Midway, une péniche sans moteur autrefois remorquée, abrite aujourd’hui le Musée de la batellerie. Montez à bord et laissez-vous emporter par l’histoire du fleuve. Saviez-vous que 90 % des hommes de Poses travaillaient autrefois pour la navigation sur la Seine ? Ici, la mémoire du fleuve reste vivante grâce aux récits des mariniers, aux objets insolites et aux clichés intemporels qui dévoilent la vie secrète des « gens d’à bord ». Avec votre billet, prolongez l’aventure sur le Fauvette, un autre bateau, un peu plus jeune, certes, mais toujours fringant ! Une immersion à ne pas manquer !

Avant 1850, la navigation sur la Seine reposait sur le halage, d’abord assuré par les villageois, puis par des chevaux. Les rives étaient animées par des relais d’écurie, des tavernes, et des métiers essentiels comme maréchaux-ferrants, bourreliers, cordiers ou charpentiers de marine. Sans barrage, le niveau de l’eau était 4 à 5 m plus bas qu’aujourd’hui, avec un courant puissant rendant la navigation périlleuse. Pas moins de 450 hommes étaient nécessaires pour franchir le dangereux pertuis, aujourd’hui dominé par le barrage. Sous Louis XV, les « chevaux de rivière » prirent le relais. Selon la taille du bateau, 12 à 56 chevaux tiraient les embarcations depuis les rives et les îles, dans des conditions souvent ardues, complexes et coûteuses.

Avant l’arrivée des ponts, le bac reliait Poses à Amfreville-sous-les-Monts, transportant hommes, animaux et voitures jusqu’en 1950. L’attente des passagers profitait aux commerces locaux, qui animaient les rives. En août 1944, lors de leur retraite vers le Nord, les Allemands construisirent des ponts de bateaux pour traverser la Seine. En à peine 5 à 6 jours, pas moins de 16 000 véhicules empruntèrent ces passages éphémères.

« La Rousserole », c’est le nom de la maison où vécut Marcel Niquet, peintre passionné des bords de Seine. Un petit passereau roux, niché sur sa façade, vous invite à lever les yeux en son hommage. Membre de la Société des artistes rouennais jusqu’en 1931, il a laissé un héritage de plus de 2 200 oeuvres : portraits de mariniers, scènes de vie et paysages de la Seine. Né en 1889 et disparu en 1968, il était aussi un amoureux de son village, où il fut conseiller municipal pendant 30 ans. Encouragé dès son enfance par Jean-Paul Sinibaldi, peintre en villégiature à Poses, il devint l’élève et l’ami de Léon Suzanne, figure de l’école de Rouen.

Édifié en 1885, le barrage de Poses, long de 235 mètres, est le dernier obstacle avant la mer, érigeant sa silhouette imposante en véritable gardien de la cité. Il a définitivement mis fin aux difficultés du pertuis. Autrefois, 80 % des transports entre Rouen et Paris se faisaient par le fleuve. Aujourd’hui, près de 15 000 bateaux traversent chaque année cette voie fluviale, passant chaque jour devant les écluses d’Amfreville-sous-les-Monts. Traversez la Seine en toute sérénité : d’un côté, l’eau est calme et scintillante… De l’autre, elle rugit, déversant des mètres cubes d’eau avec une puissance impressionnante, un rappel constant du courage des milliers de bateliers qui l’ont traversée.