Pont-de-l'Arche, cité médiévale

Bienvenue au cœur de la vie d’Archépontaine ! Les effluves enivrantes emplissent la place du marché, toujours aussi animée chaque dimanche depuis le Moyen Âge. Bien que la halle au marché et le buste de Hyacinthe Langlois aient disparu, le blason au sol, parfois caché sous une terrasse ou un étal, demeure un témoin du passé. Les fleurs de Lys rappellent que vous êtes dans une ville royale, un lieu stratégique convoitée par Richard Coeur de Lion et Philippe Auguste. Après la reprise de la Normandie, Pont-de-l’Arche devint la ville siège d’un bailliage important et un centre militaire.

Les murs épais du Vieux Manoir ont traversé les siècles, résistants aux aléas du temps. De nombreuses personnalités y ont séjourné, comme Anne-Geneviève de Bourbon-Condé, princesse de sang royal. Au 19e siècle, des notes subtiles s’échappaient des lieux : celles de l’opéra « Manon », composé ici par le discret Jules Massenet. Des histoires de fantômes ont-elles traversé ces murs ? Jacques-Henri Lartigue, célèbre artiste et photographe connu pour ses clichés de fantômes, nous a poussés à y croire ! Il capturait les instants fugaces, tout ce qui bouge et s’anime ! Poursuivons notre visite vers la rue Sainte-Marie, un quartier bien plus vivant et populaire.

Arrêtons-nous d’abord dans la petite cour du Cerf, où se trouve une colonne ornée d’un chapiteau sculpté, soutenant le portique. Elle provient de l’abbaye de Bonport, fondée par Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre et duc de Normandie. Poursuivons notre visite vers l’église, où reposent fièrement douze lions, symboles du courageux Richard Cœur de Lion.

Chers visiteurs, levez les yeux sur l’une des plus grandes façades sud de Normandie : 37 mètres de majesté ! L’église Notre-Dame-des-Arts, classée Monument historique depuis 1910, domine la ville. Construite à partir de 1499 dans un style gothique flamboyant mêlé de Renaissance, elle fut achevée au 19e siècle avec l’ajout de la sacristie, des voûtes et des arcs boutants. Ses trésors incluent des vitraux du 17e siècle, notamment celui du halage des bateaux de Martin Verel (1605), les 46 stalles de l’abbaye de Bonport, un grand orgue offert par Henri IV et un maître-autel baroque du 17e siècle. Mais un autre bâtiment attire également l’attention dans la ville…

Les lieux ont bien changé ! Vous pouvez encore voir la base d’une des tours d’entrée, avec une meurtrière et l’emplacement du passage de la herse. Vous vous apprêtez à franchir la porte Saint-Jean, autrefois entourée de deux tourelles jumelles, protégée par un fossé et fermée par un pont-levis et une herse. L’ironie veut que cette entrée porte désormais le nom de l’homme responsable de sa destruction : Louis Thiroux de Crosne, intendant de la Généralité de Rouen. Au 18e siècle, il ordonna l’ouverture totale des entrées de la ville et la construction des premiers boulevards. Partons explorer les abords de la cité pour peut-être découvrir quelques vestiges de cette époque révolue.

Au fil du temps, la ville s’est étendue, donnant naissance à une demeure moins sévère : « la villa des Lauriers », un mélange d’architecture gothique et art nouveau. Cette villa appartenait à Henry Prieur, un entrepreneur du 19e siècle, qui débuta dans la fabrication de chaussons avant de se lancer dans la chaussure. Prenons à nouveau la rue qui porte son nom pour rejoindre les bords de l’Eure. En chemin, des maisons en brique, identiques et mitoyennes, témoignent du passé ouvrier de la cité. En contrebas, empruntez l’escalier à droite et traversez le passage piéton.

Souvenez-vous du vitrail de l’église, montrant les embarcations fluviales, tirées par des chevaux et par des hommes, pour franchir les arches du pont. Ce travail pouvait durer
toute une journée, surtout avec la chute d’eau d’environ 50 cm à hauteur de pont. Aujourd’hui, de l’ancien chemin de halage, seul résonne le bruit du déversoir, libérant les eaux de l’Eure vers la Seine en cas de crue. Il vous libère aussi des méandres du temps, en espérant que ce voyage au cœur de la cité médiévale vous ait touché par son histoire singulière et son passé glorieux.